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Suite à l'épidémie de tuberculose et à l’abus de sorcelleries au cours de cette triste période, les Pénitents, une milice sans pitié qui se veut la main armée de Dieu, parcourent toujours les rues. La Reine a-t-elle perdu la tête ou le contrôle ?

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Misery loves company {Libre}
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 :: East London :: Les rues
Dr Jekyll and Mr Hyde
Dr Jekyll and Mr Hyde
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MessageSujet: Misery loves company {Libre} Misery loves company {Libre} EmptyDim 1 Mar - 21:06
La lune opaline noyait les rues de Londres de sa lueur livide au plus grand bonheur des noctambules solitaires. Éclairé par sa face nord, un vieil hôtel lugubre dominait une des allées principales de toute sa sinistre hauteur. Si le toit n'avait pas été rafistolé par des briques de différentes couleurs, on aurait pu deviner avec trop d'aisance son imparfaite courbure et la pauvreté de sa charpente. Pour autant les chambres y étaient agréables pour ceux qui savaient se délecter du calme si rare des grands boulevards de la capitale. Jekyll n'échappait pas à cette règle, enveloppé dans des draps poussiéreux dont l'odeur lui rappelait vaguement son ancien laboratoire, il fixait avec torpeur le plafond maculé. Malgré le confort que lui offrait sa situation, Henry était incapable de se complaire dans le luxe et les espaces aseptisés qu'estimaient les bonnes gens de la société victorienne. Au contraire, il aimait se perdre dans ces lieux glauques préférant la compagnie des rats à celle des hommes. Alors qu'il commençait à s'assoupir, son corps fut brutalement dévoré de sueurs froides tandis que son esprit s'abreuvait d'idées sordides. Arraché de son sommeil, le jeune homme se redressa et cramponna avec ardeur le bord du matelas bien trop mou pour lui opposer une quelconque résistance. Les insomnies s'expliquaient souvent par un esprit troublé chez le commun des mortels. Or Jekyll savait très bien que cette définition était lacunaire dans son cas. Jamais ses nuits n'avaient été ponctuées de rêves ou de réminiscences agréables depuis que Hyde partageait son intimité. Il prit d'ailleurs le parti d'ignorer les railleries obscènes dont l'affublait son ignoble double visiblement ravi de l'infortune de son hôte. La bouche sèche, Henry chercha alors de quoi se rincer l’œsophage mais renonça aussitôt à son entreprise en constatant la teinte suspecte que prenait l'eau dans le fond de la bouteille. Le jeune homme soupira longuement avant de se diriger aléatoirement vers l'unique pièce secondaire de sa modeste suite : une salle de bain de fortune.

Le contact de l'eau sur son visage acheva d'éveiller son esprit endolori et il entreprit machinalement de relever la tête. Mais ce qu'il vit dans le miroir le glaça. Il lui semblait que la pâleur de son visage contrastait à merveille avec l'ombre dont il devinait les contours avec une exactitude clinique. Il était difficile de déterminer la source de l'effroi de l'insomniaque. S'agissait-il de ce regard vide dont seule la lassitude trahissait l'éclat ou de ce rictus malsain que réprimait ses lèvres ? Nul n'aurait pu savoir, lui-même l'ignorait. Fuyant son calvaire, Henry quitta aussitôt la pièce sans même prendre le temps de fermer correctement le robinet rouillé par la qualité de l'eau. Adossé contre le mur adjacent, le jeune homme se laissa glisser de tout son poids jusqu'à sentir la fraîcheur du sol s'emparer de lui. Les paupières à demi-closes Jekyll se surprit à sourire avec une sympathie singulière.

* Tu ne ne me laissera donc jamais en paix, n'est-ce pas ? Toi que j'appelle moi et dont je n'ose réprimer les pulsions. *

- * Ta tendresse me bouleverse *, railla l'autre avec un cynisme délicieux. * Ton absence de sommeil te rendrait presque sentimental Jekyll, laisse-moi apaiser tes tourments et faire taire cette vilaine insomnie qui te ronge. *

- * Le diable en personne pourrait me proposer une telle offre que je ne me méfierais pas autant. *

- * Joue les martyrs autant qu'il te plaira mais je n'ai jamais rechigné à jouer le rôle du méchant même lorsqu'il fallait en réalité compenser les faiblesses de ton caractère. *

- * N'y pense plus Edward, ma décision est ferme. *

Agacé par ce semblant de dialogue, que l'on pourrait à s'y méprendre considérer comme un monologue, le jeune homme se leva d'un bond et quitta la chambre miteuse. Les couloirs n'offraient pas un meilleur spectacle avec le motif grotesque qui ornait les tapisseries lamées et ternies sous le poids des années. Sans même s'attacher au décor, Henry prit les escaliers d'un pas nonchalant et quitta d'emblée l'hôtel, le manteau négligemment jeté sur les épaules. La mi-saison en cette fin d'hiver n'était pas particulièrement pénible mais la végétation capricieuse ne semblait pas vouloir reintégrer ses couleurs. L'air froid venait caresser le visage du jeune homme et faisait danser quelques mèches au sommet de sa tête. Ses prunelles d'émeraude scrutaient les rues désertes, contemplant ainsi la désolation de la nuit. Londres de jour était bien différent avec tout ses habitants pressés, s’affairant à étoffer vainement leur quotidien. Henry lui-même détestait la routine qui parfois lui faisait répéter les mêmes gestes chaque matin comme un automate qu'on aurait programmé à remplir ses fonctions journalières. Ce dernier pensait que rien ne pourrait troubler davantage sa tranquillité en cette nuit agitée et pourtant il lui sembla que d'autres âmes étaient en quêtes d'errance nocturne. Cette idée l'affubla d'un frisson désagréable qui lui chatouilla la colonne vertébrale.

* Tu sais ce qu'on dit Jekyll, Misery loves company. * ricanna Hyde en prenant soin de détacher chacune de ses syllabes pour en souligner l'exubérante arrogance.

La patience de Henry commençait à atteindre sa limite tant elle avait été au préalable picorée par l'insatiable Edward.  Le jeune homme grinça des dents, frustré de ne pouvoir cacher son mépris à son autre qui semblait fouiller en son cœur comme l'eut fait le plus intime des ennemis . Quelle ironie pour quelqu'un qui était persuadé d'avoir l'âme aussi creuse que le néant d'être ainsi dépouillé des pommes les plus mûres de son jardin secret. Il avait choisit cet hôtel de seconde zone pour jouir tranquillement de la solitude dont il était à jamais privé et voilà qu'un invité avait l'audace de se mêler à la fête. Pire encore, ce dernier ne semblait pas vouloir se dévoiler au grand jour, refusant d'assumer le rôle qui lui était attribué dans cette mascarade. Indigné et vaincu dans la tragédie qui se jouait à son insu, Henry prit la parole à haute voix.  

« Qui va là ? Si vous avez pour dessein de m'ennuyer, je vous suggère de vous y prendre dès maintenant. Jouez au chat et à la souris autant qu'il vous plaira mais je n'ai pas toute la nuit devant moi. » déclara finalement le jeune homme d'un ton monotone et presque plaintif.

- * Cesse donc de geindre et laisse-moi cette besogne, j'en fais mon affaire. * insista Hyde dans un murmure plein d'assurance, convaincu de se voir attribuer le premier rôle.
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Sleeping Beauty
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MessageSujet: Re: Misery loves company {Libre} Misery loves company {Libre} EmptyDim 1 Mar - 21:09
Comme à son habitude, et ce chaque soir depuis des années, Maelya s'était couchée seule dans son grand lit. Les yeux clos elle avait laissé Morphée l'emporter au pays des songes. Une nuit des plus ordinaire. La poitrine de la jeune femme se soulevant au rythme de sa calme respiration, ses cheveux bruns reposant autours de sa tête sur l'oreiller, le portrait était typique du dormeur, ou plutôt de la dormeuse. Rien de bien intéressent en somme. Ses premières heures de sommeil se passaient toujours ainsi, sans que rien ne se passe justement. Et puis elle finissait par ouvrir les yeux, ou bien elle les gardait fermer, mais cette fois là elle les ouvrit. Elle se glissait hors de ses draps, ses pieds nus touchant le sol sans que cela ne semble l'affecter, et faisait quelques pas dans sa chambre. Parfois elle se contentait de tourner en rond ou de "ranger" quelques trucs par-ci par-là, d'autres comme cette nuit elle franchissait le pas de sa chambre. Sans même allumer une bougie elle se mit à fouiller chaque tiroir comme si sa vie en dépendait. Sans même tâtonner ses mains passaient frénétiquement d'un objet à un autre. Son manège dura bien de longues minutes avant que ses doigts ne rencontrent cet objet qu'ils connaissaient bien. L'effet fut immédiat, elle se calma aussitôt et se laissa tomber sur une chaise. Il aurait fait entièrement noir dans la pièce sans les pâles rayons de lune qui passaient par la fenêtre. De l'extérieur on n'aurait pu voir qu'une silhouette assise là dans l'obscurité, une boite d'allumette dans les mains.

Finalement Maelya se leva, elle saisit sa cape, la passa sur ses épaules puis sortie de chez elle. Elle referma la porte avec une étrange douceur, gardant toujours sa précieuse boite d'allumettes contre elle et se mit à avancer dans la rue. De par sa cape il était impossible pour un passant de deviner qu'elle ne portait que sa robe de chambre. Forte heureusement pour ce qu'en dirait les autres d'elle le lendemain matin. Pas plus que lorsqu'elle avait quitté son lit elle ne semblait guère se soucier de ne pas avoir mis de soulier ni même de la fraîcheur de la nuit, c'était pourtant un coup à attraper la mort. Elle erra ainsi un moment, nul ne saurait dire combien de temps exactement, puis s'arrêta quelque part, adossée contre un mur.
Krrrrr, fit l'allumette qui ne s'alluma pas.

- Qui va là ? Si vous avez pour dessein de m'ennuyer, je vous suggère de vous y prendre dès maintenant. Je n'ai nullement envie de jouer au chat et à la souris et la nuit commence à décliner.

Il n'y eut que le silence pour réponse. Le silence puis à nouveau le son d'une allumette que l'on frotte sur un grattoir, cette fois-ci accompagné du crépitement de la flamme lorsqu'elle s'alluma. Une simple allumette était loin d'être suffisante pour éclairer entièrement la jeune femme. Néanmoins la lumière orangée se reflétait dans ses yeux presque noir tant ses pupilles étaient dilatées, accentuant les ombres de son visage. Elle ne semblait même pas avoir remarqué la présence de l'homme qui avait parlé, bien trop absorbée par le feu consumant doucement l'allumette, le feu qui avait prit vit quelques instant plus tôt et venait de mourir sur ses doigts. Elle sortie une autre allumette de la boite et répéta son manège. Krrrrrrr, krrrrr, krrrrrr. Et la lumière fut à nouveau. Et à lumière disparue à nouveau, accompagné du soupir de Maelya qui désespérait de ne la voir durer plus longtemps.
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Dr Jekyll and Mr Hyde
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MessageSujet: Re: Misery loves company {Libre} Misery loves company {Libre} EmptyDim 1 Mar - 21:10
Toujours sur ses gardes et les mains crispées aussi bien par le froid que par son appréhension, Henry était aux aguets du moindre indice concernant le fauteur de troubles. Lorsqu'il n'eut comme réponse que le maigre crissement d'une allumette, le jeune homme cru à une provocation. Incapable d'éprouver de la colère suite à la création de Hyde, Jekyll poussa un long soupir affligé en compensation. Contrairement à ce qu'il pensait en ayant séparer sa conscience en deux, la haine lui manquait parfois dans bien des situations. Il était terriblement frustrant de toujours sembler se plier aux exigences d'autrui sans s'emporter car votre cœur ne pouvait vous en donner la démonstration. Ce qu'ignorait Henry, c'est que la colère impalpable qu'il éprouvait parfois était encore bien plus dévastatrice que le sentiment déchu manquant à l'appel. La colère froide et le mépris poussé à son paroxysme sont des afflictions bien plus fortes qu'une explosion de haine passagère. Hélas, le jeune homme était bien trop préoccupé à régir les tumultes de sa double-vie pour se livrer à une introspection aussi exacte. C'est pourquoi il se contenta d'observer en silence la flamme vacillante née d'une allumette et d'une importune jeune fille. Dès qu'il se lassa de la courbure incertaine de la flammèche, Henry s'attarda un instant sur le minois de l'inconnue dont le regard semblait être s'éprit de la petite lueur vermillonne. Ce dernier fut immédiatement frappé par l'absence d'expression sur ce visage à la fois délicat -comme on pourrait s'y attendre d'une jeune fille en fleurs- et froid comme une nuit d'hiver. Les reflets de l'allumette qui dansaient dans ses prunelles lui donnaient une dimension irréelle et fantasmagorique qui n'échappa pas au curieux scientifique. Silencieux, n'osant rompre le silence parfait et fragile, Henry s'immobilisa complètement et laissa son esprit divaguer. S'agissait-il d'un spectre ? Cette jeune fille était-elle réelle ou le fruit de son imagination ? Pour en avoir le cœur net sans pour autant troubler le spectacle qui se déroulait sous ses yeux, le jeune homme porta ses doigts sur la flamme jusqu'à sentir une vive brûlure lui mordre les phalanges. De cette façon il était certain que cette allumette n'était pas l’extension de son delirium et qu'il en était de même pour l'étrange petit automate qui s'évertuait à rallumer les allumettes avec un triste soupir. Henry ne pouvait lui tenir gré de sa fascination pour cette flammèche qu'il jugeait lui-même apaisante à regarder. Cette flamme indomptable et pourtant si facile à anéantir n'allait pas sans lui rappeler quelque chose de très familier et intime. A l'image de cette lueur qui ondulait pour se débattre dans l'espace, Henry croyait y reconnaître la lutte infinie qu'il exerçait contre Edward Hyde pour ne pas disparaître de ce monde. Pourtant, il lui semblait si aisé d'éteindre cette flamme que son cœur se serra en proie à une singulière tristesse. Et si Hyde était celui qui rallumait sans cesse cette allumettes pour mieux la menacer de se consumer ? Pour seule réponse, il perçu quelques rires amusés de son double, spectateur ingrat qui s'amusait de la scène.

* Ton esprit est si faible qu'il suffirait d'une pression de l'index pour l’annihiler. Mais quelle gloire y aurait-il à triompher d'un insecte ? Je suis comme toi Jekyll, j'ai le goût de l'obstacle et de la complication. N'est-ce pas une forme d'amour ? *

Si Henry n'était pas habitué à ces cyniques manifestations, la dernière phrase lui aurait probablement soulevé un haut le cœur. De l'amour ? Comment un être aussi abject, dépourvu de sympathie pouvait seulement en cerner la définition. Chose rare mais qui témoignait de l'immense mépris que ressentait le jeune homme, il ne daigna même pas répondre à cette ineptie. Ce paramètre sembla gêner Edward qui continua de l'incendier de propos rabaissants dans le but de le faire réagir. Mais visiblement, Henry avait parfois bien plus de force de caractère que ce qu'il imaginait. De plus, il était bien trop préoccupé avec la jeune inconnue pour laisser Hyde lui gâcher le plaisir d'avoir trouvé un semblant d'énigme. Comme il s'en doutait, cette dernière ne semblait pas avoir remarqué sa présence bien qu'il soit juste en face d'elle. Henry n'était pas médecin mais il lui venu l'idée de tester la réaction de la jeune femme en faisant défiler son doigts devant ses yeux. Suite à l'absence de réponse oculaire du fruit de sa curiosité, le chimiste en arriva à une conclusion déroutante : c'est comme si l'inconnue dormait mais que son corps lui désobéissait. Puisqu'il détestait le pompeux des grandes représentations, Henry n'avait jamais prit la peine d'aller assister à des leçons d'anatomie ou de médecine pourtant très en vogue pour qui en avait les moyens. De ce fait, il ne pouvait mettre un mot sur cet étrange état qu'était le somnambulisme. Néanmoins très à même de réflexions sur la scission de l'âme et du corps, Henry présentait qu'il serait dangereux de simplement tenter de secouer la jeune fille. L'altruisme n'avait rien à voir avec le fait que le jeune homme voulait percer ce mystère, il s'agissait purement de cette curiosité maladive qui le rongeait lorsqu'il se retrouvait devant l'inconnu. Du moins, il pouvait toujours réitérer la conversation pour voir si l'esprit était totalement évaporé de ce corps.

« Chère âme, qu'allez-vous faire une fois que vous auriez usé de votre dernière allumette ? Allez-vous continuer de hanter ces rues en quête d'incandescence ? Ou bien ce qu'il reste de votre esprit vous sommera de retourner dans les bras de Morphée ? » la tonalité de sa voix était clinique, douce sans être rassurante.

De cette façon, Henry espérait résoudre cette énigme en attendant une quelconque réponse de la somnambule. Il était toujours bien plus simple de s'adresser à qui ne pouvait pas répondre plutôt qu'au commun des mortels que le jeune homme fuyait comme la peste.
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Sleeping Beauty
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MessageSujet: Re: Misery loves company {Libre} Misery loves company {Libre} EmptyDim 1 Mar - 21:11
Rien chez Maelya ne bougea lorsque le jeune homme passa sa main devant ses yeux, si ce n'est sa respiration se bloquant un instant en perdant de vue la flamme dansante. Rien n'avait non plus bougé lorsqu'il avait passé sa main près de cette même flamme pour s'assurer de sa réalité. Rien ne bougeait plus chez elle mis à part ses mains qui s'activaient pour allumer une autre allumette dès que la précédente s'éteignait. Et même à ce moment son regard restait fixe, un peu comme s'il continuait de regarder la lueur qui n'était plus ou admirait déjà celle qui serait dans quelques instants. Forte heureusement pour elle, ou forte heureusement pour lui, il ne tenta pas de la réveiller d'une quelconque façon que ce soit et encore moins violemment. Loin de provoquer une crise cardiaque ou un malaise chez la brunette comme le veut une légende urbaine, cela aurait pu la rendre très agressive. Certaines personnes sont des ours au réveil, Maelya n'en est un que si quelqu'un a le malheur de la réveiller durant l'une de ses crises de somnambulisme. Elle pourrait bien ruer de coup la personne ayant oser commettre cet acte sans même se rendre compte de la réalité de l'instant. Instant ne durant, certes, qu'un instant puisqu'il ne lui faut pas cinq minutes pour se réveiller, mais qui pourrait bien surprendre un inconnu ignorant du mal dont elle souffre. De plus, se réveiller dans la rue face à un homme qu'elle n'avait jamais vu aurait probablement provoqué les cris de la dame. Parfois en ne se réveillant pas chez soi nous sommes pris d'un instant de panique avant de se souvenir qu'effectivement, ce n'était pas chez nous que nous nous étions endormi mais bien chez grand-mère, un ami ou où sais-je d'autre. Alors imaginez en vous réveillant dans un lieu où vous ne vous étiez pas endormi, et dans le cas présent sur vos deux jambes et dans l'obscurité. S'il n'y a pas là de quoi justifier des cris réveillant les maisons alentours, il y en a tout de même pour avoir la peur de sa vie.

- Chère âme, qu'allez-vous faire une fois que vous auriez usé de votre dernière allumette ? Allez-vous continuer de hanter ces rues en quête d'incandescence ? Ou bien ce qu'il reste de votre esprit vous sommera de retourner dans les bras de Morphée ?

La voix douce parvint à ses oreilles et mis plus de temps encore à être analysé par le cerveau endormis de Maelya. Il n'y avait là rien de rassurant mais rien non plus de spécialement inquiétant. Quoi que pusse inspirer ces mots à la dormeuse, ils perturbèrent assez ses rêves pour qu'ils s’éloignent de la chaleur rassurante qui gisait entre ses doigts. Néanmoins elle ne répondit pas, pas de suite en tout cas. La flamme nouvellement née brûlait encore et elle craignait sûrement de pouvoir perturber sa courte existence en prononçant un mot. Elle mettait un point d'honneur à la laisser vivre le temps qu'elle devait vivre, sans lu offrir la crainte de s'éteindre avant le moment fatidique où l’allumette serait entièrement consumé, il était hors de question qu'elle puisse troubler une telle beauté par l'action si banal qu'était parler. Ce n'est que lorsqu'il ne resta qu'un petit morceau de bois calciné que son visage bougea. Habitué à la flamme qui brillait auparavant, ses yeux n'aurait pas pu voir grand chose avant un moment, uniquement guidé par la pâleur de la lune. Mais elle dormait et en cela elle ne devait sûrement pas voir l'inconnu qui lui faisait face mais plutôt des fraises chevauchant vaillamment des oursons en peluche, ou autre dérive qu'apportait le marchant de sable durant le sommeil. Son visage, donc, bougea en direction de son interlocuteur. Non pas qu'il eut a se déplacer énormément puisqu'elle était déjà en face de lui, mais elle eut juste un petit mouvement indiquant qu'elle avait enfin conscience de sa présence. Ses lèvres restèrent closes encore quelques secondes durant lesquelles Maelya brandit l'allumette calcinée sous le nez du docteur. Vraiment sous son nez puisqu'elle lui effleura le bout du nez avec.

- Faire danser les flammes ailleurs ? proposa-t-elle d'une voix monotone.

L'avantage du feu c'est qu'il pouvait se servir d'à peu près tout pour brûler, ou plutôt tout pouvait lui servir de combustible. A l’exception près de l'eau sous quelle forme que ce soit, mais il ne serait jamais venu à l'esprit de Maelya d'incendier une flaque d'eau. Ainsi les maisons brûlaient, les plantes brûlaient, et même les êtres vivants brûlaient. En ce qui concernait les différentes pierres ou minerais, elle se moquait bien de savoir si cela brûlaient ou non, il n'y avait que les passants pour passer d'une rue à l'autre grâce aux pavés, le feu avait bien mieux comme moyen de transport. Le grand incendie ayant ravagé Londres il y avait de cela bien trop longtemps pour qu'elle ait pu y assister en était la preuve. Elle attendit donc l’approbation ou non de l'homme. Il était fort probable qu'elle n'ait cure de cet avis mais elle n'avait rien d'autre à faire que d'attendre. Usé une autre allumette peut-être.
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Dr Jekyll and Mr Hyde
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MessageSujet: Re: Misery loves company {Libre} Misery loves company {Libre} EmptyDim 1 Mar - 21:13
Pour être tout à fait sincère, Henry ne s'attendait pas recevoir une réponse de la jeune demoiselle. C'est bien d'ailleurs ce qui l'avait poussé à engager la conversation. Il avait l'habitude des monologues singuliers où l'aparté était de rigueur à cause d'un interlocuteur douteux. Ce genre de situation ne le mettait pas mal à l'aise car il y a bien longtemps que Henry Jekyll était considéré comme fou à lier par la société. Le commun des mortels avait l'esprit bien trop étroit pour déceler les plus obscurs secrets qui font trembler l'âme humaine. Par un heureux hasard, aucun chat ne semblait vouloir se mêler aux déboires nocturnes des deux individus. Henry en fut le premier surpris : comment cette jeune femme avait-elle put s'en sortir saine et sauve pendant tout ce temps ? Les rues de Londres n'étaient pas réputées pour la bienséance de ses noctambules et encore moins par l'altruisme des quidams. Or, être une jeune femme esseulée, à demi-consciente et sans autre arme qu'une boîte d'allumettes constituait une victime de choix. Sa voix n'avait rien de vivant comme si la demoiselle s'était transformée en automate après s'être assoupie. Jekyll lança un coup d’œil à sa montre qui lui indiquait que le crépuscule n'était pas près de montrer le bout de son nez. Il aurait été plus sage de faire demi-tour et de retourner vaquer à ses occupations nocturnes dans un hôtel misérable du quartier mais la curiosité l'emportait sur la raison. Jamais le jeune homme n'arriverait à fermer l’œil de la nuit tant qu'il n'aurait pas résolu l'énigme de sa spectrale interlocutrice. Résolu à ne pas rester sur un échec, l'insomniaque décida de poursuivre son ébauche de conversation avec l'inconnue.

« Ailleurs ? Quel drôle d'endroit pour une conscience égarée. Je n'aurais pas dit mieux. » dit-il avec un certain amusement.

Doucement, il balaya du regard la grande place qui s'offrait à ses yeux. Aucun bruit néfaste ne venait troubler ce tableau de sérénité, seul le vent qui bruissait entre les arbres nus osait timidement donner le ton. C'était une bien drôle de soirée pour le jeune homme qui jamais n'aurait pensé trouver au pied de cet hôtel de quoi attiser son insatiable curiosité. Après quelques minutes de calme complet, ce dernier se tourna vers la jeune fille aux allumettes.

« Dites-moi, cela vous ennuierait que je me joigne à vous pour cette expédition ? Je serais aussi encombrant que cette allumette, n'ayez crainte. » déclara t-il toujours sur le ton du jeu et de la légèreté.

Il y avait bien longtemps que Jekyll ne s'était pas amusé de la sorte. N'importe qui à cette heure-ci l'aurait prit pour un fou ou un criminel mal intentionné. Mais son esprit avait trouvé ce soir de quoi s’enivrer le temps de quelques heures, oubliant ainsi la triste malédiction qui planait à son encontre. Le jeune homme se fichait pas mal de la suite des événements, le regret était son plus intime ami alors il n'aurait cure de quelques bévues en pleine nuit d'hiver. Un semblant de sourire traversa son visage ou ce qui s'apparenta pour Hyde à un coup de poignard dans le dos. Edward bouillonnait de l'intérieur, furieux de la joie fugace qu’éprouvait son hôte. Au plus profond de lui, l'immonde alter-ego savait qu'il allait lui faire payer cette joie passagère sans aucun scrupule. D'un autre côté, Hyde se délectait du relâchement de Henry qui oubliait l'espace d'une soirée ses rigides résolutions. D'ordinaire, le chimiste ne pouvait se résoudre à la distraction qu'il jugeait comme une perte de temps oisive. S'obligeant sans cesse à subvenir à ses besoins vitaux, le travail et la recherche constituaient ses uniques passe-temps. Dans ce sens, Edward savait qu'il avait gagné une bataille même s'il n'avait pu prendre le rôle principal dans la guerre. Henry s'étonna d'ailleurs de l'absence de provocations de son double et fini même par oublier son existence à plusieurs reprises. Lorsqu'il s'interrogea sur ce silence inhabituel, Hyde objecta.

* Moi qui pensais que tu étais le plus inhumain de nous deux commence à songer que toi et moi ne sommes pas si différents l'un de l'autre, n'est-ce pas ? *

Cette réplique coupa la respiration de Jekyll, retournant soudain à la réalité et horrifié par ces dernières paroles. Hyde avait réussi à détruire cette étincelle de joie et non content de sa victoire, il mit tout en œuvre pour faire culpabiliser son hôte. Ce dernier ne changea pas pour autant d'avis, vaincu, même si rien n'avait changé dans son désir à l’exception d'un mépris pour lui-même.
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Sleeping Beauty
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MessageSujet: Re: Misery loves company {Libre} Misery loves company {Libre} EmptyDim 1 Mar - 21:13
Sûrement n'entendit-elle pas la réponse de son interlocuteur car elle semblait à nouveau aspirée par la flamme entre ses doigts. Ou alors peut-être son inconscient jugea-t-il qu'il n'avait pas à y répondre. Elle ne faisait nullement attention au calme de la nuit et s'émerveillait encore moins le ciel d'hiver où perçait de petites perles lumineuses. Plus rien ne lui importait plus que la lueur éphémère et elle se perdait à nouveau en rêveries. Il était probable que derrière son regard vide s'enchaînaient visages et scénarios des plus diverses, tous plus improbables les uns que les autres, emplis d'incohérences et d’événements farfelus. Maelya était de eux qui avaient tendances à rêver en grand, aventures et intrigues qui apportent déception au réveil, quand on ne peut en connaitre la chute. Mais ce soir la royaume des rêves n'offrait rien de mouvementé à la jeune femme, rien qui ne puisse perturber l'étrange calme dont elle faisait preuve. Peut-être était-elle allongée quelque part au soleil, à décider de la forme des nuages, ou bien se contentait-elle de connaître une journée des plus banale, avec seulement des objets ou chose du quotidien totalement déformé sans que cela ne soit choquant, comme un ciel vert ou des tables se déplaçant seules.

- Dites-moi, cela vous ennuierait que je me joigne à vous pour cette expédition ? Je serais aussi encombrant que cette allumette, n'ayez crainte. déclara t-il toujours sur le ton du jeu et de la légèreté.

Si le visage de la jeune femme pris un air inquiet ce n'est point à cause du jeune homme, mais par la terrible vérité qui s'imposait à son esprit endormi : elle ne tarderait plus à manquer d'allumettes. Se redressant doucement, elle haussa les épaules. Peu lui importait qu'il la suive ou non, tant qu'il ne tentait pas de l'empêcher de voir les flammes. Elle oscilla un instant puis, ayant retrouvé son équilibre, referma la précieuse boite où reposait seulement trois petites allumettes. Elle fit un pas, puis deux, sans être incommodée par ses pieds rougits par le froid. Même si son esprit avait tendance à ignorer les facteurs extérieurs, son corps, lui, en faisait une autre affaire. Il arrivait parfois à la jeune femme de se réveiller avec des blessures qu'elle n'avait pas la veille, il s'agissait généralement de petits bleues. C'est qu'elle pouvait s'avérer maladroite durant son sommeil et qu'elle n'avait en rien conscience de ses escapades nocturnes. Jamais ni ses parents ni son défunt époux n'avaient jugé bon de le lui révéler, peut-être redoutaient-ils une quelconque sorcellerie ou bien de l'inquiéter plus que nécessaire. Ainsi ne saurait-elle pas d'où proviendrait un possible blessure entre ses orteils. Ainsi ignorerait-elle même avoir rencontré un homme cette nuit. Au mieux sans doute, si elle le croisait le lendemain, trouverait-elle ça amusant de l'avoir rêvé, autrement se contenterait-elle de le saluer comme tout inconnu. Sa démarche de jour si féminine avait perdu de sa grâce en l'absence de sa conscience. De dos il n'était pas évident de deviner qu'elle était une dame. Elle avait plus l'air d'une frêle silhouette errant dans les rues de Londres, c'était probablement cela qui lui avait éviter de mauvaises rencontres jusque là. Ou alors était-ce l'étrange calme de la nuit qui avait poussés tout autre noctambules à ne pas croiser sa route.

Elle avança encore, foulant le centre de la place de ses pas silencieux. Elle avançait sans hésitation, n'étant en rien perturbé par la faible visibilité qu'offrait la nuit, notamment en ce qui concernait la perception de petits obstacles. Ou simplement de petits objets laissés là sur le sol. C'est sans même regarder ses pieds un instant qu'elle s'accroupie, juste devant elle gisait une branche d'arbre. Probablement fut-elle laissé là par des enfants qui durant la journée, n'eurent trouvé d'autres amusement qu'une simple branche. C'était fou l'imagination que pouvait avoir ces petits êtres, un muret et un château fort apparaissait. Ce n'était pas pour déplaire à Maelya d'avoir fait cette trouvaille. Du bout des doigts elle caressa sa précieuse boite, s'interrogeant sans doute sur la marche à suivre : trouver d'autres morceau de bois pour faire un plus gros feu ou se contenter de celui-là pour le moment ? Ses allumettes lui étant à présent comptée, la somnambule ne pouvait plus prendre ces décision à la légère où elle se retrouverait bien vite à errer sans plus aucun autre but que celui d'attendre son réveil. Quelle triste nuit se serait si elle se finissait ainsi.

- Du bois..., murmura-t-elle en observant les pavés autours d'elle, se saisissant de son nouveau trésor.
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Dr Jekyll and Mr Hyde
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MessageSujet: Re: Misery loves company {Libre} Misery loves company {Libre} EmptyDim 1 Mar - 21:15
Jekyll observa longuement les traits de son interlocutrice, frappé par l'absence d'émotions de sa physionomie. D'ordinaire, les femmes adoptaient toujours mile et une humeurs et même lorsqu'elles avaient pour dessein de vous ignorer, un air placide et pudique traversait toujours leur délicat visage. Or l'inconnue semblait déroger à cette règle tant par le vide effrayant que l'on devinait dans ses yeux que par ses allures d'automate sans conscience. Plusieurs individus auraient été effrayés par de telles manifestations mais Henry était bien trop fasciné par la singularité des faits pour s'encombrer d'une quelconque crainte. Soudain, la jeune femme s'était mue dans une expression d’inquiétude sincère et profonde. Le chimiste s'était d'abord demandé s'il était la cause d'un tel revirement de situation, navré d'avoir pu déranger l'entreprise de la demoiselle. Il ne ménagea pas son étonnement lorsque cette dernière l'ignora au profit de ses dernières allumettes. Immédiatement, son regard se posa sur les pieds meurtris de la demoiselle, abîmés par le froid mais aussi par les pavés de la ville. Il songea un instant à lui faire don de ses souliers puis comparant visuellement sa pointure aux petits pieds délicats de l'inconnue, il s'affligea d'avoir pensé à de telles sottises. Alors que le jeune homme était prêt à reconsidérer sa question avec sa veste, une petite voix familière ne tarda pas à briser le silence.

« Du bois... » disait-elle comme une enfant ayant trouvé le plus précieux des trésors.

Henry arqua un sourcil devant cette découverte. Que comptait faire la petite marionnette avec autant de combustible ? Jekyll était un criminel particulier. Jamais il n'aurait fait de mal à une mouche ou commis des actes de vandalisme. En revanche, il avait une toute autre relation avec lui-même qui ne semblait pas compter comme autrui. Il se jugeait responsable de sa personne et jamais Jekyll n'éprouvait du remord -à part peut être pour la nuit fatidique de la naissance de Edward Hyde- quant à ses expérimentations sur son propre corps. Plus inquiet pour la jeune femme que pour lui-même, le chimiste s'approcha doucement de l'endormie et eut même l'audace de poser sa main sur le dos de la sienne qui effleurait le bois de ses longs doigts. D'un ton las et presque compatissant, ce dernier lui adressa ces quelques mots.

« Est-ce vraiment nécessaire mademoiselle ? N'est-il pas  plus délicieux de garder vos incendies pour vos fantaisies ? Croyez-moi, Londres n'est pas un très bon combustible. » dit-il avec raison.

Le scientifique essayait de raisonner l'imprudente en lui disant que la ville n'était pas prête de prendre feu avec la pierre qui jonchait ses ruelles. Ce dernier retira immédiatement sa main prévoyante et regretta presque de s'être impliqué dans cette histoire. Il ne connaissait rien de cette jeune femme et voilà qu'il se sentait responsable de ses méfaits. Henry secoua lentement sa tête, exaspéré par sa propre condition. Voila pourquoi le jeune homme ne s'encombrait jamais des règles sociales. Rien de lui était plus insupportable que son incapacité à se comporter en société. Fort heureusement pour lui, la demoiselle était endormie et elle ne pouvait lui tenir rigueur de ses lacunes comportementales. Bien résolu à ne plus se mêler de ses affaires et laisser cette pauvre âme errer à sa guise, Jekyll prit le parti de vouloir s'éclipser, pensant qu'il serait préférable pour lui et surtout pour elle de quitter les lieux sans laisser de traces.
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